Exposition photographique sur l’intimité du quotidien d’une famille tunisienne
Portfolio dans Camera International n°9
À plusieurs reprises entre 1981 et 1984, j’ai partagé le quotidien d’une famille tunisienne, l’intimité de l’univers clos des femmes.
Au fur et à mesure que je me glisse dans la trame quotidienne, que j noue des relations plus étroites avec les gens, je réalise que mon appareil photographique pourrait franchir des limites culturelles, ce dont je mesure la gravité.
Je ne veux pas tromper la confiance que ces femmes m’offrent, et je photographie en respectant une culture à laquelle j’ai du mal à adhérer.
J’élimine peu à peu de mon regard l’exotique.
LIEUX D’EXPOSITIONS
Galerie Vrais Rêves de Lyon / 1983
Musée de la mer de Cannes / 1991
Festival Palermofoto de Palerme (Italie) / 1997
ÉDITION
Camera International n°9 / 1987
Méditerranéennes
Éditions Contrejour / 1991
ISBN 2-859-49124-4
Etnoviaggiando Palermofoto / 1997
COLLECTIONS
Intimité tunisienne / Gabriel Bauret, Critique d’art in Camera International n°9
Anne-Marie Louvet a eu ce privilège de pouvoir pénétrer dans la vie quotidienne d’une famille tunisienne, et d’assister à quelques-uns de ses rites. Animée par le désir de montrer un pays de l’intérieur, elle s’est entièrement consacrée à tout ce qui se passait dans ce milieu familial dont elle a fini par faire accepter son regard étranger et curieux. Durant ses différents séjours – son reportage a nécessité un lent travail d’approche au cours duquel il a fallu surmonter plusieurs fois cette mauvaise conscience de l’intrus – elle a bien sûr eu l’occasion d’assister à quelques évènements ou célébrations ; mais ce n’est pas vraiment cela, ni même quelques activités « typiques » de cette population, qui l’ont en fin de compte intéressée. Ce sont plutôt les sentiments, les rapports entre les êtres, les atmosphères qui se traduisent par des gestes, des expressions, des regards, qu’elle a tenté de saisir dans leur particularité. Elle a montré des personnages s’abandonnant de façon surprenante, des corps prenant d’étranges poses, dont elle a d’ailleurs très bien su tirer un parti photographique. Et puis au-delà de l’expression manifeste de la tendresse, de l’attachement entre les êtres, il y a des sentiments plus diffus, tels que l’ennui, sans doute lié à la pesanteur du milieu clos, à la lenteur de la vie. Dans certains visages on lit même la mélancolie, le désir d’évasion, la rêverie. Comme s’il y avait eu alors un très court moment de complicité avec la photographe.