INSTALLATION DANS DEUX APPARTEMENTS HLM RÉNOVÉS
Un appartement évoque l’aspect mémoire et l’autre les travaux et le changement.
Diverses formes de présentation : tirages photographiques de différents formats, projection de diapositives, diffusion d’un CD-photo sur téléviseur…
Villeurbanne - 1993
INSTALLATION A LA MAISON DE L’ARCHITECTURE DE PARIS
Nouvelle conception d’installation en fonction de l’espace spécifique de la Maison de l’architecture.
Réagencement des lieux, utilisation du mobilier.
Projection dans l’escalier.
Mois de la Photo de Paris - 1994
Création photographique sur la réhabilitation d’appartements HLM et installations photographiques in-situ
Résidence d’artiste : commande de l’Office Public HLM et de la Ville de Villeurbanne / 1993
Mois de la photo de Paris / 1994
Lors de la réhabilitation des premiers immeubles HLM de Villeurbanne, je suis allée pendant plusieurs mois chez une quarantaine de familles et j’ai photographié leur appartement avant et pendant les travaux.
Mémoire et changement ont formé la trame d’une réflexion photographique sur l’espace habité.
J’ai associé ces habitants au projet par une collecte de photographies d’archives et de témoignages enregistrés, utilisés ensuite dans l’exposition.
En concevant une mise en espace dans deux appartements rénovés, j’ai développé des formes d’installation intimement liées au contenu des images.
En 1994, le Mois de la photo de Paris m’a invitée à la présenter et j’ai réalisé une scénographie spécifique à l’espace de la Maison de l’Architecture de Paris.
Dépassant le contexte initial, cette nouvelle présentation a questionné plus largement notre intimité, l’image mentale de nos territoires, les signes de notre enracinement, les traces éphémères de notre passage.
LIEUX D’EXPOSITIONS
Villeurbanne – installation dans deux appartements HLM / 1993
Mois de la photo de Paris / 1994
Maison de la culture de Grenoble / 1995
Conservatoire du patrimoine ethnologique de Haute Provence : 1° Biennale “Photographie et ethnologie” / 1997
ÉDITION
“Appartement(s)… témoin(s)” – Ville de Villeurbanne / 1993
“Mois de la photo de Paris 1994” – Paris audiovisuel
ISBN 2 904 732 66-7
COLLECTIONS
Ville de Villeurbanne
Artothèque de Grenoble
CONFÉRENCES
Le Magasin – CNAC (Grenoble) / 1995
Conservatoire du patrimoine ethnologique de Haute Provence (Mane) / 1997
Festival Photo 98 à York (Royaume-Uni) / 1998
Instituto de Artes de Belèm (Brésil) / 2000
Habiter : témoins de mémoire / Christian Gattinoni, critique d’art
Il manquait juste une image, une de tous les jours, une image où habiter.
Anne-Marie Louvet l’apporte d’abord sur place, HLM en rénovation, aux Buers à Villeurbanne, zone à imager en priorité. Elle choisit de tout documenter, y compris les clichés de cet autrefois des années trente en collation dans les albums de la cité. Et les propos rapportés de jadis.
Elle colle à son sujet. Minant le document dans les relations d’identité. Toujours dans le plus proche respect. Elle traque le convenu du décor, guette la saga des objets intimes, estime, sur plan, l’appropriation de son espace par chacun ; elle supervise le passage de la rénovation, scandé de portraits avoués dans la familiarité de l’avant-après. Elle double le réel sur son propre terrain celui de l’exposition, sur place, dans les appartements témoins.
Réinterpréter ces photographies et installations pour la Maison de l’Architecture c’est amplifier leur champ critique jusqu’à lui donner une dimension exemplaire. L’accrochage nous fait parcourir d’abord la réalité du chantier, depuis les dépositions de tissu via la transparence des plastiques protecteurs jusqu’à la chute des cloisons ; tandis que la projection du mouvement des déménagements occupe la cage d’escalier. Peu à peu nous gagnons accès aux passages de la mémoire.
Les traces des cadres sur le mur décrivent la géométrie interne de l’imaginaire des occupants. Au jeu des comparaisons, les signatures individuelles des espaces semblables nous apparaissent de médiocre différence, effet d’époque et goût de classe planifient le portrait-robot d’un appartement lambda.
En phagocytant la fonction des lieux, leur officialité, par l’exercice partagé de la mémoire Anne-Marie Louvet nous fait complice de son regard porteur de temps. Elle rend leur format aux anciennes images du temps.Elle nous guide peu à peu de l’arrogance des panneaux qui connaissent les exigences muséales au juste écrin des portraits pour mériter les miniatures de la souvenance.
Sur les étagères les ex-voto familiaux organisent le promenoir des dédicaces redevenues anonymes. Dans le recoin salon les fauteuils dialoguent avec leur image, tandis que la mémoire individuelle colonise, par CD interposé, le téléviseur. Enfin, les tiroirs abritent les derniers clichés, ceux de la plus banale quotidienneté, ceux qui convoquent à la fête des autres sens, linges, papiers satins, objets fanés.
Il manque juste le corps, un corps où rêver cette mémoire, au spectateur d’aventurer le sien.Objet_Exposition_Appartements_temoins©Anne-Marie Louvet PParis